L'homme du Nord

Il semblait sortir tout droit d'un film romantique, avec son visage anguleux, son regard direct et légèrement hautain, ses traits impassibles. Trahies par la lueur de prédation dans ses prunelles sombres, les pensées primaires qui tournaient dans sa tête ne faisaient aucun doute. Son corps interminable, sa fausse timidité, son humour froid, me séduisaient et m'attiraient de ma nière si irrésistible... 

Il n'était pas beau, cependant il possédait un charme dangereux; celui des égoistes. Si son regard se réchauffait, par hasard, c'était par mégarde, au souvenir d'un bon moment passé en dehors de nous. Y avait-il d'ailleurs jamais existé un "nous"? Parfois, il changeait de visage, tel un monstre à deux visages, lorsqu'il croyait que je ne le voyais pas. Alors, un frisson me saisissait, mes mains et mes mâchoires se crispaient, et je craignais soudain son intelligence tranchante, sa colère muette, son silence courtois. Lui demander de me parler, de m'expliquer, de m'ouvrir son coeur... Comment aurais-je osé? Se suffisant à lui-même, maudit par sa propre existence, il semblait vivre dans un monde où n'y avait pas de place pour moi.

K.